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Redonner vie à une œuvre d’art italienne en bronze datant du XIVe siècle avec Artec Spider

Redonner vie à une œuvre d’art italienne en bronze datant du XIVe siècle avec Artec Spider


Quand l'orfèvre, sculpteur et architecte italien, Andrea Pisano, a mis la touche finale aux portes en bronze ornées qu'il a créées pour le baptistère de la cathédrale de Florence en 1336, il ne savait pas qu’il ne restait que douze années avant que la peste noire ne frappe l'Italie depuis la mer et ne commence sa marche dévastatrice dans toute l'Europe. La population de Florence n’allait s’en remettre complètement que 500 ans plus tard. Toutefois, lors des précédentes décennies, les citoyens locaux, les artistes et les marchands avaient tant de raisons de faire la fête.

Dante et plusieurs autres personnalités célèbres de la Renaissance avaient été baptisés dans le baptistère de la cathédrale. Celui-ci aurait été érigé pour la première fois à la fin du IVe ou au début du Ve siècle après JC. Ce n’est qu’en 1329 que la puissante et influente, Guilde des marchands de tissus de Florence, chargée de l’entretien du baptistère, décida de remplacer la porte en bois existante par des portes en bronze.

Andrea Pisano a eu le privilège de concevoir ce qui allait devenir les premières portes du baptistère, initialement installées du côté est du bâtiment, avant d’être déplacées plus tard du côté sud.

Lorsque Pisano a finalement dévoilé les imposantes portes en bronze coulé, elles sont vite devenues la fierté de Florence. Leurs 28 panneaux en relief finement sculptés aux différents motifs et formes géométriques ainsi que les 20 scènes de la vie de Jean-Baptiste ont captivé l'imagination d'innombrables citoyens et pèlerins religieux.

Pourtant, au cours des 680 années qui ont suivi la construction des portes massives de 8 tonnes, celles-ci ont subi une détérioration importante à cause des conditions météorologiques et de la pollution. De plus, au fil des siècles, une accumulation de sels instables rongeait lentement le bronze, finissant par détruire l'œuvre d'art elle-même.

Dans le cadre d’un projet de préservation culturelle parrainé par l’Opera di Santa Maria del Fiore, il a été décidé de remplacer les portes de Pisano par des répliques exactes. Les deux autres portails du baptistère, ceux qui se trouvent des côtés est et nord du bâtiment, avaient déjà été remplacés des années auparavant. Il ne restait plus que celui de Pisano.

Pour réaliser cette mission à plusieurs étapes, l'Opéra s'est associé à la Frilli Gallery, un studio d'art florentin de premier plan, célèbre à travers l'Italie et partout dans le monde pour son exigence accrue en matière de maîtrise artistique. Du début à la fin, la Frilli Gallery a minutieusement coordonné le travail de dizaines de spécialistes qualifiés.

Le projet de restauration a débuté en 2016 et a duré 3 ans. Les portes Est et Nord avaient des moulages en plâtre, ce qui permettait de faire des répliques sans difficultés. Ce n’est pas le cas des portes sud de Pisano. Compte tenu des surfaces complexes des portes et des œuvres d'art et de la nécessité de les recréer aussi parfaitement que possible, l'équipe de restauration a décidé de recourir au scan 3D pour le projet.

Après des recherches approfondies sur les entreprises qualifiées capables de gérer un projet d'une telle importance culturelle, ils se sont tournés vers les spécialistes expérimentés de Prototek, un fournisseur de services de scan/impression 3D à Valenza, en Italie. Fort de plusieurs années d'expérience en capture numérique, en conception 3D et en production 3D, Prototek n'a pas hésité quand on lui a demandé de participer à ce projet de préservation culturelle de haut niveau.

Selon Andrea Barchi, Directeur des Opérations chez Prototek, « Nous avons été honorés de participer à ce projet à plusieurs étapes, car il revêtait une importance considérable pour les citoyens de Florence et pour les Italiens. Les résultats que nous avons obtenus, désormais visibles pour quiconque franchit les nouvelles portes, témoigne de la qualité de notre travail. Et c'est quelque chose que nous sommes prêts à offrir à n'importe quel client, quelle que soit la taille ou la complexité du projet. »

Après avoir été soigneusement retirées du baptistère, les deux portes géantes (4,94 mètres de haut x 2,95 mètres de large et pesant environ 8 tonnes) ont été méticuleusement remises entre les mains de maîtres restaurateurs. Ces derniers ont réparé les dommages et éliminé l'oxydation accumulée au fil des siècles. Jour après jour, grâce au dur travail des restaurateurs, la dorure originale et les magnifiques détails de l'œuvre d’art de Pisano ont commencé à réapparaître.

Puis, le scan 3D a commencé. Prototek a choisi l'Artec Spider pour capturer numériquement chaque panneau complexe des portes en bronze de Pisano. Selon Andrea Barchi, « L'Artec Spider est le scanner 3D par excellence. Nous nous en sommes servis maintes fois pour nos tâches de scan les plus cruciales qui exigent les plus hauts niveaux de précision et une capture numérique extrêmement réaliste. De plus, c’est un outil très confortable à utiliser, avec les résultats affichés en temps réel sur l'écran de l'ordinateur portable. Spider est si avancé que nous pourrions procéder à la rétro-conception de pratiquement n'importe quel petit objet, que ce soit un inestimable vase cloisonné datant du début de la dynastie Qing, de petits composants de turboréacteur pour un moteur Rolls Royce Trent 500, ou de toute une panoplie d’objets entre les deux. »

Du début jusqu’à la fin, la phase de scan 3D du projet n'a duré que 10 jours. Pendant ce temps, les 28 panneaux originaux de Pisano ont été capturés numériquement en couleur haute résolution, puis transformés en modèles 3D époustouflants.

« Nous avons utilisé d'autres scanners 3D qui requièrent un support ou un trépied pour pouvoir scanner. Comme Spider est léger et portable, cela a permis à notre technicien de manœuvrer confortablement autour de chaque panneau et de le scanner rapidement et facilement. Les scans nets de Spider et sa vitesse de capture ont permis de réduire au minimum la taille du fichier et les temps de traitement », explique Barchi.

Après la capture numérique, les scans réalisés par Spider ont été traités dans Artec Studio. « Notre technicien a simplement traité les scans dans le logiciel Artec Studio, qui offre une variété d'outils pour l'édition de données 3D, comme la suppression des données indésirables, l’alignement et l’enregistrement des scans, et l’exportation sous forme de modèles 3D prêts pour ZBrush et Meshmixer. Nous avons utilisé ce dernier pour travailler plus étroitement avec les détails et les géométries complexes des panneaux », a déclaré Barchi. « Et dans le cas de ZBrush, nous l'avons utilisé pour reconstruire certains détails manquants de certains panneaux. »

Les modèles 3D ont ensuite été envoyés pour impression 3D sous forme de panneaux positifs de 500 mm x 500 mm en PA12 sur une imprimante 3D Systems sPro 230 SLS (Selective Laser Sintering). Une fois les panneaux prêts, ils ont été envoyés à la fonderie artistique Ciglia & Carrai, qui a créé des moules en silicone négatifs à partir des panneaux positifs. Ces moules négatifs ont ensuite été utilisés pour créer les répliques finales en bronze coulées à la cire perdue.

Une fois les moulages refroidis complètement, les artistes et les artisans de Ciglia & Carrai se sont attelés au travail pour affiner et polir délicatement les détails anatomiques, comme les mains, les pieds, les vêtements et d’autres éléments qui font revivre fidèlement toutes les lignes, formes et courbes de l’œuvre originale de Pisano.

Après la finition, un processus final était nécessaire. Des acides sont soigneusement versés sur la surface de chaque panneau en bronze pour oxyder naturellement le métal et donner une apparence vieillie et authentique au chef-d'œuvre.

Une fois les panneaux prêts, il a fallu un mois avant que tous les éléments des portes soient assemblés, ce qui a finalement abouti à des résultats spectaculaires.

Lors de la cérémonie d'installation, les citoyens de Florence et les visiteurs ont regardé avec admiration et émerveillement ce chef-d’œuvre du 14ème siècle de Pisano qui renaît de la manière la plus élégante et la plus exacte, grâce aux technologies du 21ème siècle et au brillant travail des spécialistes de Prototek et Ciglia & Carrai.

Aujourd'hui, les répliques des portes sont installées là où les originaux ont été posés pendant des siècles, du côté sud du baptistère de la cathédrale de Florence. Elles y resteront sans aucun doute pour être contemplées avec admiration et curiosité par les générations à venir.

En ce qui concerne l’utilisation du scan 3D pour les tâches de préservation culturelle, Andrea Barchi a commenté : « Jamais auparavant, la technologie n'a été en mesure de répondre aussi pleinement aux besoins des musées et des sociétés historiques pour aider à sauver la vie de nos objets et monuments historiques les plus précieux. Ici en Italie, et partout en Europe, tant de créations inestimables de nos ancêtres tombent malheureusement en ruine ou pire encore. Mais maintenant, ces héritages remarquables peuvent être capturés numériquement et revenir à la vie à l'aide des dernières technologies de scan 3D, telles que l'Artec Spider. »

Barchi a poursuivi : « De plus, une fois que ces objets ont été scannés et transformés en modèles 3D, un musée peut faire des choses vraiment créatives avec eux. Par exemple, pour les portes de Pisano, celles-ci peuvent maintenant être imprimées en 3D à petite échelle, de sorte que les visiteurs du musée puissent avoir la chance de les tenir dans leurs mains. Les modèles 3D peuvent également faire partie d'une exposition en réalité augmentée ou virtuelle, pendant laquelle les visiteurs même à l'autre bout de la planète pourraient voir de près ces portes incroyablement réalistes.